On le déguste pour:
- les illustrations uniques que conçoit l’auteur à partir d’une technique de collage dont les morceaux de papier ont préalablement été peints puis découpés grossièrement. En résultent des images aux couleurs vibrantes qui se détachent du fond blanc des pages, des formes aux lignes brisées qui révèlent les coups de ciseaux de l’artiste et qui évoquent le caractère un peu brut d’un bricolage d’enfant.
- le format panoramique de ses pages tout-carton, permettant le déploiement de certaines illustrations sur l’ensemble de la double-page et ravissant ainsi davantage les yeux.
- les pages de longueurs différentes et, surtout, les trous qui s’y trouvent, littéralement! Au fil des jours, la chenille ne cesse de s’empiffrer davantage, laissant de (véritables) trous dans les aliments dont elle s’est régalée et qu’elle abandonne derrière elle, ce qui apporte un caractère plus ludique et interactif à la lecture. Il est intéressant, d’ailleurs, d’expliciter le lien avec les nombreux petits cercles multicolores que l’on retrouve sur la page de garde du livre. On peut effectivement, dans un premier temps, souligner leur présence à l’enfant lors d’une première lecture et lui demander s’il a une idée de ce que ça peut bien représenter, puis, en fin de lecture, revenir à la page de garde et lui demander si, maintenant, il comprend ce que constituent tous ces petits cercles – qui sont, bien entendu, toutes ces bouchées prises par la chenille au fil de l’histoire.
- la simplicité de l’histoire et sa structure répétitive. Le récit, ici, agit comme fil conducteur pour raconter à l’enfant le cycle de vie d’une chenille, jusqu’à ce qu’elle devienne papillon, et se met au service d’apprentissages élémentaires tels que le dénombrement et l’acquisition de mots de vocabulaire. La forme répétitive du texte – la chenille mange…mais elle a encore faim! – est rapidement saisie par le tout-petit qui, pour cela, se plait aussitôt à participer lui aussi à la narration du récit.
- son thème: cette histoire, c’est celle de la métamorphose, celle du passage de l’enfance à l’âge adulte qui, ici, est dépeinte d’une manière tout à fait positive: la vie commence dans un état de grande vulnérabilité et, peu à peu, l’enfant se construit jusqu’à ce qu’il vole un jour de ses propres ailes et devienne un adulte abouti et épanoui.